La Caisse des Monuments Hystériques venait de refermer ses portes. Lorsque le rideau de fer tomba sur l’entrée principale de l’établissement, l’horloge du soleil d’hiver marquait 15 heures 43. Le volet métallique, volet à part entière de notre histoire, s’était abaissé sur la partie orientale de La Caisse.
Un panneau gris souris fixé sur le mur extérieur indiquait au grand public, pour la forme, les horaires d’ouverture. C’était un panneau musical du dernier cri. Il permettait de bercer les administrés venus consulter les archives de l’établissement. Chaque jour, au petit matin, avant de quitter son poste de radio, le veilleur de nuit zappait à qui mieux-mieux. De manière aléatoire il changeait le jingle avarié de la veille. Il avait une façon précipitée bien à lui d’appuyer sur le bouton prévu à cet effet. Puis il rentrait chez lui tel un lama imperturbable, ruminant les événements du jour, ou comme un gosse idiot. Le lendemain, La Caisse, comme on surnommait la vénérable institution, n’ouvrirait pas ses portes, ni ses fenêtres. Pour célébrer dignement le jour de la Toussaint, point d’ouverture. On chômerait. C’était très tendance.