Manou-les-bains Cette année-là je me trouvais en Provence, dans le petit village de Manou-les-bains. Pour fuir les rigueurs de l’hiver ardennais j’avais décidé de quitter mon balcon en forêt.
J’avais jeté mon dévolu sur une résidence temporelle à quelques pieds de vignes de Pézenas, lorsque, baissant le son de mon iPod et levant la tête à moitié, j’entendis sous mon voile de lumière une voix. Je me dois d’être précis : pas des voix, comme sainte Jeanne d’Arc en entendit à Do-Ré-Mi, mais une voix seulement, une voix unique. Dans un premier temps, tel un vieil homme qui n’aurait pas assez aimé, je restai absorbé par la lecture silencieuse d’un roman d’amour, je repoussai la voix: – Passe ton chemin, voix, laisse-moi en gente compagnie avec mon héroïne du jour, elle porte le doux prénom de Sylvie. – Mais je ne suis pas une voix à sens unique, me répondit-elle, je suis la voix de la vie… – Aujourd’hui, insistai-je, la voie de ma vie, c’est Sylvie. – Et qui te dit autre chose ? conclut la voix.