Toutes les histoires de ce livre sont nées dans une cocotte-minute, la mienne. Elles remplacent, joyeusement, tous les rêves à jamais perdus. Elles m’ont permis de souffler mais je n’éteindrai pas ma bougie. Souffler n’est pas jouer avec mon âme. Pour la surprendre et me cajoler, chaque jour, j’ai recours à la poésie. Tu me trouves lyrique, lecteur ? Je veux simplement dire non au romantisme mais dire oui au romanesque.
La poésie, c’est mon ballon d’oxygène : je respire. C’est mon ballon d’hélium, je m’envole. La poésie, on la trouve partout, si l’on s’en donne la joie : dans la musique, baroque ou pas, dans la peinture céleste de mon amie Manou, dans cet amour inépuisé du prochain qu’elle avait et qu’elle accompagnait toujours de son ineffable sourire. Un autre ami, Ernest, avait recours aux forêts, suivi sur ce chemin par un chanteur, le petit Jean, assoiffé d’amour, – il voyait des montagnes, des forêts et des îles au trésor partout. Mais ici ne fais bruit lecteur, de peur de réveiller le papillon qui, de l’autre bout de mon monde à moi, de ton monde à toi, amènerait une bourrasque dans ma tête ou dans la tienne. Mieux vaut contempler La Tempête peinte par Giorgione. Viens, je t’emmène au concert, lectrice, puis nous irons à la pinacothèque. Enfin, chez un bouquiniste, quai Voltaire, je t’achèterai un livre de poésies. Toi, La Vie, tu as toujours été ma plus belle inconnue. Aujourd’hui je reviens te chercher.